mardi 29 novembre 2011

Le labyrinthe linguistique belge


Elio di Rupo (EDR) sera donc le prochain premier ministre belge. Mais l'accord sur le budget est à peine sec que Bart de Wever, président du NVA (l'alliance néo-flamande, prônant l'autonomie de la Flandre), qui a refusé de participer aux négociations, lance de nouvelles banderilles.

Il moque la connaissance du flamand du socialiste wallon. Il est vrai que di Rupo ne maîtrise pas à merveille la langue de Vondel (ainsi désigne-t-on le néerlandais). Un problème important dans un pays qui fonctionne sur deux langues comme on dirait deux jambes (l'allemand étant la troisième langue officielle).

Mais, de là à dire qu'il a un néerlandais "légo" (il met les mots en vrac et il faut reconstruire la phrase) le disqualifiant pour représenter les Belges, il y a un pas que ne franchissent pas la majorité des Flamands.

A l'homme politique auxquels ils sont reconnaissants d'avoir sorti le pays de l'ornière, les journaux du nord du pays, offrent un mode d'emploi : Elio di Rupo devra aller voir les Flamands, sur le terrain, les convaincre par sa tenacité, son humilité ("non je ne peux pas mieux parler votre langue") et la chaleur humaine que lui reconnaissent tous les observateurs.

Si sa maîtrise du flamand ne sera jamais celle d'un polyglotte, il améliorera son vocabulaire et, en tout cas, sa popularité. Indispensable s'il désire que son gouvernement survive au-delà de quelques mois.


Lu dans "Le labyrinthe belge" de Geert Van Istendael que je viens de commander.

"La Belgique, c'est un modèle de l'Europe en miniature. La Belgique, c'est le terrain où le nord se heurte au sud, où l'élément latin rencontre l'élément germanique, où l'on se rend compte que ces rencontres ne sont pas du tout évidentes.

La Belgique parvient à organiser le rapport de forces qui est inévitable entre les langues et les cultures. La capitale de la Belgique est aussi une des dernières villes bilingues qui nous restent en Europe. Je suis très attaché à la Belgique, ce pays imprévisible, légèrement chaotique, maladroit, attendrissant, parfois moche, parfois sublime, ce pays toujours un peu fou.

Si la Belgique disparaît, un signal d'alerte clignotant perpétuellement disparaîtra. L'existence en soi de la Belgique est un avertissement. Voyez comme c'est difficile, la rencontre entre langues et cultures. Voyez aussi comme c'est passionnant. L'Europe sera belge ou ne sera pas."


Que la croustillance des frites comble vos papilles endormies.

6 commentaires:

  1. a voté aussi. Dis donc, il va falloir faire voter le gouvernement, la, hein.

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  2. Attends qu je fasse des articles sur la Suisse et ses 4 langues officielles. Il faut en parler au mnimum 2 le romand et le shwein... Mais tout le monde se retrouve autour du secret bancaire et de la fondue moitié-moitié...
    Bon courage a mr Rupo... S'il réussi il aura bien droit à une frite d'or !!! Bises et nous avons voté en couple !

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  3. > Homéo : il vous remercie bien, le monsieur.

    > Ariana : je me disais aussi, l'été dernier, on en avait parlé chez toi. A tous les coups, tu as inspiré ce billet de fort haute tenue. Et merci pour le vote.

    > Nath : oh oui, des articles sur la Suisse, ce pays européen méconnu... Fondue moitié-moitié ? Moitié fromage et moitié viande ? Et danku (en flamand).

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  4. Non ! Sacredieu... moitié vacherin, moitié gruyère (le vrai sans trous, sinon c'est de l'emmenthal ce qui est très différent.)
    A venir un article sur le concept de la raclette suisse à Phoenix... Bises

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