vendredi 29 novembre 2013

La nourriture du futur

Rob Rhinehart, un ingénieur de 24 ans, a inventé sa nourriture du futur. Un cocktail chimique à base de 31 éléments de base dont : la farine d'avoine, la maltodextrine, les protéines de riz, l'huile de colza, quelques minéraux comme le gluconate de potassium, du fer, du sodium, du zinc...

J'en oublie. Mais il y a mis "tout ce dont le corps a besoin pour fonctionner".

La ration quotidienne contient 2400 calories sans aucune trace de cholestérol.

D'où lui est venue cette idée ?

"Quand j'étais enfant, je mangeais de la laitue et du chou frisé et je me disais : c'est bizarre de manger des feuilles comme les animaux. On est des humains."

"Ce n'est pas parce que quelque chose vient de la nature que c'est meilleur. C'est même le contraire. Les produits fabriqués sont aujourd'hui les plus utiles".

Le nom de sa société est Soylent. Comme le nom de l'entreprise du film "Soleil vert"(1973) qui fabrique les petits Soleil vert et jaune grignotés par les gens en 2022.

Il dit aussi : "Soylent est un bon nom. Nous faisons de la nourriture bon marché, adéquate pour le corps".

Grace au crowdfunding, il a levé près d'un million de dollars pour fabriquer les premiers sachets destinés à être vendus. Puis il a encore engrangé 1,5 million de dollars investis par un capital-risqueur. La hype gagne les Etats-Unis depuis juillet dernier.

Un documentariste a décidé de se nourrir seulement de ce substitut alimentaire pendant un mois. Il a perdu 5 kilos, n'a plus mangé avec ses amis. Son analyse de sang a révélé qu'il manquait juste de vitamine D.

Il s'est jeté sur une cuisse de poulet dès sa cure achevée.

Je vous laisse. Je retourne préparer un wok composé de chou chinois, carottes et courgettes. Entre les courses et la cuisine, il me faudra une heure pour faire le repas.

mercredi 27 novembre 2013

Cher parent Noël


Nous avons reçu avant-hier soir un joli cadeau de la part du trio enfantin : leur lettre de commande, de souhaits pour Noël.

On peut se dire que c'est à ce moment-là que commence l'éprouvante période des fêtes...

... Quoique... A la réflexion, il y a aussi eu, voici une semaine, la délicate épreuve de la chasse au calendrier de l'avent.

Comme je ne sais pas faire grand chose de mes dix doigts (à part lire et écrire), je n'ai pas construit de maisonnette en bois avec tiroirs amovibles pour chocolats et autres douceurs, je n'ai pas non plus tricoté de méga-chaussette à disposer sur le tablier de notre cheminée virtuelle.

Les 23 jours précédant la célèbre soirée seront donc sponsorisés par un célèbre marchand de confiseries chocolatées.



Revenons à nos lettres. Bien sûr, nous leur avons dit que les cadeaux déposés au pied du sapin aux épines tombantes seront choisis dans la liste.

Il nous reste, à nous, parents ô combien stoïques, de faire bifurquer toute conversation dès qu'elle arrive, à grand renfort de regards doux et suppliants, sur les cadeaux rêvés.

Et c'est parti pour un mois de jeu "taboo" grandeur nature pour éviter toute allusion aux Wii, DS 3D, jeu Fifa 13, patins en ligne et vidéos d'explorateurs. Drôle.

mardi 26 novembre 2013

A bout de courses

Après la course, ce sont les courses.

Comme le temps nous est compté chaque jour et qu'il vaut mieux ne pas avoir les deux pieds dans la même chaussure, mon désir de confort m'amène à profiter de l'entraînement tri-hebdomadaire pour acheter quelques mets en chemin, si je puis dire.

Ce dimanche dernier, par exemple, après l'heure de jogging, je suis passé par le marché (entouré d'un halo de brume) quérir deux cuisses de poulet, quatre poires, quatre oranges, trois courgettes sans oublier la baguette française, disponible à une seule boulangerie, à dix minutes de chez nous.

Ce soir, après l'heure de trot, j'irai prendre la baguette quasi-quotidienne grignotée par les garnements et retirer quelque argent.

Reste la question principale ; où mettre les billets ?

Jusqu'à voici deux semaines, je n'avais pas de poche. Le billet allait donc dans la chaussure, sous la chaussette. Je sais, c'est élégant.

Depuis que je porte tôt le matin et tard le soir une superbe camisole jaune fluo, je dispose d'une poche pour la monnaie et même la carte bancaire. Le luxe total.

Mais je ne pousse pas le sadisme à courir la baguette à la main.

Et un beau morceau pour commencer la course.

 

lundi 25 novembre 2013

Visite familiale chez le Docteur

Samedi soir était une soirée très spéciale. Tous les membres de la famille (nous sommes cinq, sans animal de compagnie), allions chez le Docteur.

Comme des millions d'êtres humains, nous étions assis dans la salle d'attente et patientions, l'oeil frémissant, décomptant les minutes qui nous séparaient de 20h50.

L'heure fatidique arriva enfin ; assis sur le canapé familial, nous découvrîmes ce fameux épisode du 50ème anniversaire de "Docteur Who", diffusé à la même heure dans tous les pays. Nous étions branchés sur BBC1 comme 10,5 millions de Britanniques. 720 000 Français regardaient la version française sur France 4.

Sans aller plus loin dans le détail de cette formidable saga britannique, disons qu'il s'agit d'une série de science-fiction avec un extra-terrestre à forme humaine, le Docteur, qui peut voyager à souhait dans le temps et l'espace à bord de ceci -oui, une cahute en bois bleu-



pour résoudre des tas de problèmes. Et surtout ceux d'aliens voulant envahir la terre.

Comme le dit dans un entretien à Télérama, un chercheur spécialiste de la chose, il s'agit d'"une série qui peut plaire à tout le monde, aux enfants parce qu'elle est bondissante, colorée et drôle, et aux parents parce qu'elle est complexe et aboutie".

Chez nous, elle est regardée et admirée de 8 ans à 44 ans, à répartition quasi paritaire (3 masculins et 2 féminins). Elle est drôle, émouvante, intelligente, très bien écrite et très très surprenante.

De deux choses l'une : soit vous connaissez déjà le Docteur et vous adorez, soit vous allez avec grand joie découvrir les horribles Daleks





les terrifiants cybermen,



et les ragoûtants Slitheen



Et toute une galerie de créatures-qui-ne-font-pas-peur mais qu'on aime retrouver d'épisode en épisode.





vendredi 22 novembre 2013

Sous les pavés, la rage

Courir sur terre, sur goudron, sur des planches ou dans la boue ?

En fait, tout dépend de la compétition que vous préparez. S'il s'agit d'un concours de beauté pour pieds, la boue est recommandée.

Sinon, on va dire qu'il vaut mieux s'entraîner les 3/4 du temps sur la surface de la compétition.

Eh bien, ces derniers temps, je vais totalement à rebrousse-poil de la tendance. Je cours sur de la terre battue alors que je participerai, sans doute, à une corrida le 26 décembre prochain dans le centre-ville, sur les pavés.

Oui, vous avez bien entendu, les pavés... Gris, déformés, pas francs du collier. Je déteste ces pierres aux angles rabougris, mal emboîtés les uns dans les autres, voire carrément absents.

Ces horribles pavés, Bruxelles s'en est paré ces dernières années. Après avoir nettoyé ses rues en y installant un asphalte du plus bel effet, la municipalité s'est lancée, voici des années, dans le pavage à rebours.

Et c'est parti pour remettre des pavés de Porphyre comme au début du 20ème siècle. Tout ça pour complaire aux touristes pressés d'aller admirer la stature du Maneken Pis.

Alors, bien sûr, c'est joli à la télé, les pavés, à Roubaix, une fois par ans lorsqu'on attend avec impatience les crevaisons et les chutes des gars à vélo, à peine reconnaissables dans leurs habits de boue.

Mais en périphérie bruxellois, je vous demande pardon, mais certains trottoirs sont si dangereux que la ville n'ose même plus organiser de ces chantiers dont elle est si friande.

C'est tout juste si elle daigne remplacer les pavés, en dernier ressort, sous les lazzi des riverains dont ceux de la puce, qui après une cheville en compote, a failli lancer le pavé de la discorde à la tête d'un policier venu s'enquérir du problème.

Je sais d'ores et déjà que ce 26 décembre, ce ne sera pas vraiment la joie.

Bref, cette course sera un véritable enfer pavé de mes bonnes intentions sportives.

(1h d'entraînement à allure jogging ce matin à 7h30, il faisait 2°).

mercredi 20 novembre 2013

François Schuiten tourne la page

Passionnante interview hier matin sur la Première (le France Inter local) de François Schuiten (prononcer Sqeuilleteun...), mon dessinateur préféré.

Artiste à la production galopante, il a donné l'an dernier plus de 1200 dessins originaux à la BNF et à la Fondation Roi Baudoin.

"C'était à la fois un déchirement et un soulagement de voir partir ces dessins. Bien sûr, j'avais passé des heures de travail dessus, c'était une partie, une grande partie de ma vie. Mais sans cela, je n'aurais pas pu passer à autre chose," dit-il.

300 autres originaux ont été vendus aux enchères pour la somme de 500 000 euros. Il trouve que la somme est importante. Elle sera donnée à ses enfants. "Cela pourra peut-être réparer ce que je leur ai pris".

mardi 19 novembre 2013

Duroy avec chagrin et sans pitié

Un coup de poing au ventre asséné avec lenteur et délicatesse mais dont l'impact est le même que s'il avait été donné par Bruce Lee himself.

L'effet est terrible : il dure juste beaucoup plus longtemps dès qu'il vous atteint.

C'est l'impression que j'ai eue à la lecture du roman autobiographique de Lionel Duroy, "Le chagrin".

L'auteur revient sur sa vie, depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte, en la romançant moins qu'il ne l'avait fait dans "Priez pour nous".

Il y raconte ses jours au milieu de neuf frères et soeurs, d'une mère mal aimante, d'un père qui tire le diable par la queue, ses complexes face à ses grands frères, les séparations, le départ de la France, l'arrivée en Tunisie, les retours dans l'Hexagone. Et toujours ce père qui essaie de parer au mieux pour plaire à sa mère.

Les faits sont durs, Duroy est franc du collier. Et violent.

Il est d'autant plus violent qu'il se fait doux, parfois, l'écrivain. Par exemple, quand il nous dit qu'il regarde d'anciennes photos de ses parents à la loupe et qu'il imagine leurs pensées, ce qu'ils ont vécu, quels pouvaient être leurs sentiments. Et il en contemple souvent, des images de ses parents.

"J'imagine que mon père...", "sans doute, ma mère, à ce moment-là, pouvait penser...", "mes parents devaient avoir des problèmes...", toutes ces figures de style nous font entrer dans leur tête.

Le procédé est habile pour nouer le récit en même temps qu'il nous noue les tripes car l'auteur n'épargne rien des vicissitudes du quotidien, de son chagrin qui se construit durant l'enfance et qui le bloquera dans ses relations amoureuses jusqu'à la rencontre avec son amour actuel.

Sans pitié, Duroy l'est avec les siens quand il leur annonce qu'il va publier "Priez pour nous". La conséquence ? Ses frères et soeurs, son père et sa mère rompent totalement avec lui estimant qu'il les a trahis. Il y allait de sa survie, écrit-il pour expliquer la parution de son livre.

Résultat, je suis sorti du livre sentant l'écrivain rempli de chagrin mais ne pouvant se résoudre à la pitié pour les siens. Un témoignage bouleversant, exigeant, écrit d'une plume à la fois dure et attachante.










Courir sous la pluie

Départ ce matin à 7h30 pour une heure de footing (dont 25 minutes à allure compétition 10km).

Le temps de se mettre en route et j'étais bien. Le paquet était envoyé (traduction, "les enfants venaient de prendre le bus"), je descendais vers les étangs as usual.

Quand soudain, résonnèrent aux oreilles les premières notes de cette chanson folle, "under pressure".

("Faaaaantaaaastic" dirait le Docteur Who n°9, anglais jusqu'au bout des fringues, lui aussi).

C'était Queen, Freddie Mercury en jaune et ce concert live à Wembley en 1986, vécu dans l'appartement londonien de ma famille d'accueil, surchauffé en ce mois de juillet.



Il avait beau pleuvoir, j'avais des frissons de plaisir du bonnet bleu aux chaussures grises.

C'était ma madeleine de la journée. Un bon début pour un mardi.

(PS : quant à la photo du haut, petite séance de méthode Coué pour les beaux jours à venir).




lundi 18 novembre 2013

Les Reines se crêpent la coiffure

Puisque ce blog est le parangon du bon goût et des dernières tendances, révélons la guerre impitoyable des coiffures en la royauté belge.

A ma gauche, la Reine sortante, Paola, qui a opté pour une coupe des plus courtes et des plus blondes la semaine dernière à l'occasion de la fête du Roi, le 15 novembre. Par rapport à l'ancienne version, pas de doute, ça décoiffe.

Et tout les 11 millions de Belges n'ont pas manqué de remarquer la nouveauté et de juger, dans leur immense majorité, Paola plus jeune et dans l'air du temps.

(Je trouve qu'elle ressemble à M dans "Skyfall").





Et pan sur la mèche de la locataire actuelle du Palais royal, j'ai nommé Mathilde. A ma droite, la reine s'est dépensé à tout va côté diversification de couvre-chefs lors de ses douze joyeuses entrées. 

Le pompon est pour la visite à Liège. Le Huffington Post américain, compare la Reine à un "gros canari". Mais la rédaction trouve tout de même qu'elle s'habille de manière cool et que son chapeau est ok.


Le joyeuse entrée de Gand a essuyé une volée de bois vert du toujours critique site US.



"Le vêtement nous faisait penser au canapé de notre grand-mère tandis que le chapeau ressemblait aux rideaux à froufrous suspendus aux fenêtres."


Quant aux autres, je vous laisse juge. (Mes préférences vont aux tresses et au chapeau de paille.)














dimanche 17 novembre 2013

Courir pour la gloire

Le bon ami (qui est devenu marathon finisher voici deux semaines à Washington DC) m'a envoyé un article du Wall street journal sur la course à pied.  



L'éditorialiste n'aime pas les tickets sur les voitures locales qui arborent les chiffres cabalistiques "13.1" et "26.2" ; le premier est la distance en miles du semi-marathon et le second celui du marathon.

Il ne les aime pas car il trouve que les chauffeurs se la pètent. Les chauffeurs-coureurs, cela va sans dire. Plus généralement, il estime que les coureurs à pied se la jouent, avec leurs habits fluo, leurs tenues voyantes, leurs baskets aux mille couleurs.

Bref, il accuse la plupart des coureurs d'être des poseurs et de gambader pour la galerie, le regard des autres.

Je m'accuse donc sans vergogne auprès du WSJ de courir :
- pour me sentir bien dans ma tête.
- pour ressentir pleinement le plaisir de vivre.
- pour aller prendre une bonne douche.
- pour bouger à côté des autres qui font leur vie.

(Et quand j'avais eu l'idée, après nos voyages estivaux en Croatie, Slovénie et Albanie de coller des stickers au dos de la voiture, je n'imaginais pas qu'il aurait pu m'en coûter une quasi-pendaison par presse interposée.)

(Une heure de course au petit matin, 5°C et 3 X 10' à la vitesse du 10km).

samedi 16 novembre 2013

Mon speed dating avec les profs


Hier après-midi, le lycée organisait les rencontres annuelles entre les parents et les professeurs. 

Un moment dont les familles parlent d’une voix chevrotante tant l’angoisse est encore perceptible.

Il faut dire que l’an dernier est gravé dans la mémoire collective. Nous avions connu une belle cacophonie avec des files d’attente, des parents surchauffées et des salles au bord de l’implosion (à moins que ce ne soit l’inverse).

Mais cette année, l’administration nous l’avait promis ; tout allait changer. Pas de rendez-vous griffonnés au crayon HB sur le coin d’une table. L’ordinateur avait édicté les heures de rendez-vous, réparti les parents en demi-journée selon l’ordre alphabétique. Chaque famille avait reçu une dizaine de jours à l’avance sa feuille de route.

Avec deux enfants concernés, nous étions vernis. Une douzaine de professeurs à voir, à raison d’un toutes les cinq minutes et cinq minutes pour aller au rendez-vous suivant... Avec des salles parfois distantes de plus d’une centaine de mètres. Plus de deux heures de speed-dating éducatif et de footing intensif.

Le temps de garer la voiture en biais sur le parking version timbre-poste, je pénétrais dans l’enceinte de l’établissement avec à peine cinq minutes de retard sur mon plan de marche (la faute aux gigantesques bouchons bruxellois, la deuxième plaie de la ville après les chantiers). J’étais à la bourre, tout s’annonçait à merveille.

Dans la vaste cour principale du paquebot scolaire de 2800 élèves, des parents couraient de part et d’autre. Beaucoup de couples. Devant moi, une femme arrête de trottiner, son homme marche avec difficulté une dizaine de mètres plus loin. Il ôte sa cravate quand il la rejoint.  « C’est pire que les réunions à la Commission européenne », dit-il au bord des larmes.

Emportés par la foule, qui nous traîne, nous entraîne, je frôle une élégante qui tapote nerveusement son smartphone. Sa voix tremble.
« - Chéri, j’ai vu la prof de maths, elle dit qu’Adrien peut faire mieux, bien mieux.
- …
- Je sais, il a déjà deux heures de soutien par semaine. Il faudrait peut-être une heure supplémentaire le week-end, tu ne crois pas ?
- …
- Je sais bien qu'il a 17 de moyenne. Mais pour aller à Cambridge, ça risque d’être un peu juste. »

Je me précipite vers la première salle indiquée sur mon papier écrit fort petit (j’essaie de battre mon record de feuilles imprimées avec une seule cartouche de noir, j’en suis à 230). 

Cinq parents attendent, alignés sur des chaises. Je jette un coup d’œil dans la pièce. Personne. Hourrah. Arrivé devant le prof, je m’affale sur la chaise.

- M. Yibus, je lance dans un souffle asthmatique avant de décliner le matricule de mon fils.
- Vous êtes sûr ? Il me regarde par-dessus ses lunettes embuées. Monsieur, nus sommes en salle B 112.

Mince, j’avais lu A 112.
Je me retire en reculant à petits pas avant de foncer sitôt la porte franchie.

Arrivé dans la fameuse salle B112, je souris à la prof de je-ne-sais-quoi de ma fille. J’ai triomphé de la première épreuve. A peine ai-je le temps de me reposer du sprint qu’émerge une douce voix.
- … Et voilà, monsieur, sinon, tout va bien.
Je la remercie en deux mots et me retire.

Dans le long couloir, des tables alignées. Les terminales vendent des produits pour leur fête de fin d’année. Je veux prendre la feuille de rendez-vous dans ma poche, je sors aussi un billet dont s'empare un jeune qui me refile un truc que je mets machinalement dans mon sac.

Le rendez-vous suivant se trouve à 800 mètres de là. Au bout du monde. La foule se densifie. Au seuil de la porte, j’utilise deux mouchoirs pour m’éponger. Je donne le reste du paquet à mes voisines de labeur. Elle me remercient sans bruit.

Suit un laboratoire au sous-sol où aucun parent n’attend (les sciences physiques sans doute). Le son mélodieux du prof me parvient de loin pendant dix minutes comme je réfléchis au nombre de profs qui restent à visiter. Plus que cinq. Encore cinq. 

Après, ce sera une salle en haut d’un arbre ou au milieu d’un lac ? Non, la salle C123 456 567, tout simplement.
Trois femmes bavardent sur leur chaise, un café à la main. Elles sourient. Nous engageons la conversation.
Un terminal passe, carton à la main. Il se poste devant moi. Pris dans le plaisir des mots qui roulent, je lui tends un billet sans le regarder.

Le retour à la maison se fait en rêvassant à nous autres, parents, courant d’une salle à l’autre pour choper des bribes d’information sur leurs enfants et à ces profs qui ont cinq minutes pour donner une impression, une ambiance.

- Alors, papa, qu’est-ce qu’ils ont dit les profs ?
- …

Les deux grands se tiennent devant moi. Je n’ai pas encore fermé la porte d’entrée.
- Non, mais attends, tu les as bien vus, nos profs ?
- Oui, mais…

Silence.

- Ils avaient l’air content, je dis.

Je fouille dans mon sac pour dénicher la preuve de mon engagement pour eux, la feuille des rendez-vous. Je finis par renverser tout le contenu du sac sur la table.
La feuille git là, en dix morceaux, chiffonnée.

A côté, un savon et une bougie. Je les leur tends. 

- J’ai pensé à vous. Un sourire, enfin, sur leur visage.
 

Deux heures plus tard, penché sur l’ordinateur, je demande un rendez-vous individuel à chaque prof.

Bonnet de nuit de course


Premiers frimas quand je descends vers les étangs hier soir. 

J’ai mis le bonnet pour courir, je m’aperçois que je ne suis pas le seul (même la dame de la pub, là, en face, a l'air pressé d'aller gambader). 

Certains ont même enfilé les gants (je les porterai sans doute aux premières gelées).

Il est un peu moins de 18h, la plupart des gens rentrent chez eux, d’autres font les courses du soir. 

Tiens, finalement, moi aussi. Je remplis mes poumons d’air froid, je fais le plein d’énergie dans mon chariot personnel après un premier quart d’heure où j’ai la sensation de m’ébrouer tant je remue chaque muscle froid.

Après cinquante minutes de footing, retour au bercail où m’attend le pantagruélique repas du soir : des betteraves rouges à volonté. Miam.

jeudi 14 novembre 2013

Courir tue le stress

Courir le soir, pas si simple.

Contrairement aux entraînements matinaux, la course nocturne n'est pas le coup de pistolet qui donne le départ de la journée (pour filer la métaphore sportive).

Je n'en attends pas un gain d'énergie pour booster ma matinée.

Elle ne constitue pas non plus un baisser de rideau. 

C'est un moment qui coupe les autres. Comme je n'ai pas de plan d'entraînement en ce moment (je prépare un 10km), le côté obligatoire ne se fait pas ressentir. Et il faisait frais ; le plaisir était, comment dire, plus limité.

Hier soir, j'avais donc décidé d'aller courir une heure, paisible, avant de rejoindre madame au concert d'Emiliana Torrini, (excellente prestation, par ailleurs, avec une formidable première partie, les Mariner's children). 

Je regarde l'horloge, 17h30.
- Les enfants étaient rentrés (je devais partir).
- La puce avait cours de piano (je dois partir).
- Ils me racontaient leur journée en stéréo (plus que 5 minutes et je pars).
- J'avais les consignes pour la soirée à leur donner (vraiment, là, je suis à la bourre). 
- Je calculais qu'à la fin du footing, il me resterait un quart-d'heure pour me doucher et préparer notre repas de la soirée (carottes râpées attendant dans le frigo) (ça va pas être tout à fait possible).

J'enfile les pompes, le collant et les maillots et basta cosi, je descends en saluant la troupe. 

Et là, dans la rue, sombre (les lampadaires bruxellois ne sont pas des projecteurs de prison), je commence à trottiner. 

Les cinq premières minutes, je réfléchis à ce (ceux) que j'ai laissé(s) à la maison, le souffle court.
Les dix minutes suivantes, la respiration s'installe, les pensées voguent vers les sujets de la journée -presque- passée.
Puis, en écoutant de la musique, je rêvasse, laissant les idées aller et venir comme elles ont l'habitude de le faire. Certaines, pas plus de quelques secondes, d'autres jusqu'à trois minutes... Et toujours les jambes qui tournent bien et les mains qui se rafraîchissent.

Les entraînements me permettent de relativiser jusqu'aux pensées les plus grises qui planent au cours de la journée.

Les gens marchent autour de moi, je cours autour des étangs, ils se précipitent pour attraper leur bus, je trottine en balançant des ronds de buée. 

Et puis, j'ai décidé, en cours de route, de raccourcir de dix minutes la séance.

Cela ne m'enlèvera rien à ma préparation mais diminuera le stress lors du retour à la maison. Pas d'énervement au moment de partir pour un lieu agréable et l'entraînement.

Grand sourire quand je suis rentré au milieu de la troupe.

J'avais bien commencé la soirée. 

mercredi 13 novembre 2013

La Belgique vend ma banque

Stupeur ce matin, alors que je trempe ma tartine beurrée et confiturée dans un délicieux thé ; l'Etat belge a décidé de vendre ses parts dans BNP Paribas Fortis.

Vous allez dire que je fais une jaunisse pour pas grand chose.

Mais comprenez bien, cette banque, c'était ma première attache à la Belgique.

Quand nous avons débarqué dans le Royaume voici deux ans, mon premier geste a été de frapper à leur porte pour ouvrir un compte. J'étais gracieusement hébergé chez leur grande soeur à Paris, j'ai trouvé un refuge chaleureux chez la cadette belge.

Bon, d'accord, j'ai été surpris lorsqu'ils m'ont dit qu'il n'y avait aucun rapport avec la maison-mère parisienne, pas plus de facilité pour les virements ou les envois de chèques qu'avec les autres banques.

Mais, justement, j'y ai vu une sorte de particularisme belge. Un message clair : "adossé à la France, certes, mais belge envers et contre tout".

Alors, voilà, maintenant que la Belgique a vendu ses 25% dans BNP Paribas Fortis pour en retirer 900 millions d'euros qui aideront l'Etat à se désendetter, je me sens comme nu.

Ah... Mais... Je viens d'apprendre que l'Etat belge conserve toujours 10% dans BNP Paribas. Malin, cette idée. Comme ça, quand nous rentrerons à Paris, nous aurons toujours un petit lien avec la Belgique.


Flamands et Wallons : c'est la guerre

Le compte à rebours pour les commémorations de la première guerre mondiale a commencé... La guerre de tranchées entre les Flamands et les Wallons également.

Les politiques du nord de la Belgique ont tiré les premiers. Dès 2011, les Flamands ont mis en place une centaine d'actions visant à "placer la Flandre au coeur de la carte des destinations des touristes de la paix".

Avec un budget de plusieurs dizaines de millions d'euros, ils ont pris une bonne avance sur la Wallonie où s'est également passée la première guerre mondiale.

Il est vrai que l'occasion est unique de mettre en avant les "Flanders fields" où 500 000 soldats de plus de 50 pays sont morts durant le conflit. Le principal outil de communication côté "jaune et noir" est la rénovation du musée d'Ypres, au centre des champs de bataille.

Avec le "poppy" (coquelicot rouge) en bandoulière du site, l'objectif est d'attirer les Anglais.

Diplomatiquement, la Flandre y est allée au bazooka. Elle a voulu faire signer une charte de la paix, en Flandre, aux 22 pays combattant, sans faire référence à la Belgique. Froid généralisé et projet remisé pour l'instant.

Mais le ministre-président de la région n'a pas désarmé. Sa nouvelle idée est d'inviter tous les prix Nobel de la paix à venir se recueillir sur les champs de bataille l'année prochaine.

Et cette guerre -qui n'est plus froide- n'est pas prête de se terminer : lors du salon mondial du tourisme, voici une dizaine de jours, les stands flamands et wallons se regardaient en chiens de faïence, à une bonne dizaine de mètres l'un de l'autre... Séparés par le stand luxembourgeois.


mardi 12 novembre 2013

Week-end à Paris

Il faisait frais, il faisait beau et Paris fut à nous durant 24h.

(Avec un entraînement d'une heure dans le bois de Vincennes).

Visite du Musée d'Orsay pour un coucou aux impressionnistes, à Gauguin et Van Gogh. La Seine était bien haute à cette saison et la passerelle des Arts continue de crouler sous les cadenas attachés par des amoureux éternels.








Et une chanson de circonstance, "Ne pleure plus" (la Seine est en crue...) de Thomas Fersen.

 

vendredi 8 novembre 2013

Le patron flingueur

En France, il y a Arnaud Montebourg. En Belgique, on a Didier Bellens, le patron de Belgacom, le France Telecom local.

Certes, les deux hommes n'occupent pas le même poste mais la ressemblance frappe tant sur leur caractère que les circonstances.

D'un côté, le ministre du redressement productif a critiqué le Premier ministre français sur l'affaire Florange. Ne manquant jamais de faire connaître sa différence, il demeure toutefois au gouvernement, conforté par ses 17% aux primaires socialistes.

De l'autre, Didier Bellens, n'arrête pas de faire la Une des journaux belges depuis deux ans. Une affaire de secrétaire, une autre immobilière.

Sa dernière sortie, voici quelques jours, a eu lieu devant un parterre de patrons à Bruxelles. Il a dit que le Premier ministre, Elio Di Rupo, l'appelait seulement lorsque la fin d'année approchait pour connaître le dividende de Belgacom. "Un peu comme un petit enfant qui vient chercher sa Saint-Nicolas", a-t-il ajouté.

Société publique, l'entreprise de télécoms, est un bon fournisseur de dividendes pour l'Etat. Et son patron, considéré comme un excellent gestionnaire, semble se croire tout permis. Jusqu'à rabaisser son autorité de tutelle et en rajouter une couche sur l'Etat belge, "le pire partenaire" qu'il ait jamais eu.

Inconscience ? Suicide à moins de 17 mois de la fin de son mandat ? S'il est intouchable du fait de ses bons résultats et juridiquement parlant, Didier Bellens coince plutôt au niveau de l'éthique.

On peut avoir une position tranchée : soit on reste à son poste et on se la ferme, soit on l'ouvre et on sort. Bellens et Montebourg ont choisi de l'ouvrir et de rester. Soit.

Reste alors aux autorités à prendre leurs responsabilités. Car flinguer son patron rime tout de même avec faute grave, non ? Dans ce cas, le choix est simple : démission ou révocation.

Reçu ce vendredi matin par le ministre des Affaires publiques, Didier Bellens dit n'envisager aucunement la démission. Il pourrait être révoqué jeudi prochain par le Premier ministre. Dans ce cas, il toucherait une indemnité de 1,7 million d'euros.

Toujours légale comme démarche. J'y vois aussi le signe d'une éthique en toc.


Pour me remettre, je vais m'écouter "Get lucky", version police russe.