mercredi 19 octobre 2011

Le doigt sur la culture


Je ne m'y connais pas du tout en droit de la propriété intellectuelle (le bon plan actuel si vous voulez devenir avocat avec le droit européen de la concurrence) mais les histoires de plagiat m'ont toujours fasciné.

Prenez le PPDA. Sur deux de ses derniers ouvrages, il s'est un peu planté la plume dans l'oeil. Condamné pour avoir transformé en bouquin les lettres d'une chère amie. Et pris le doigt dans la photocopieuse sur la biographie d'Hemingway. A moins que ce ne soit son nègre qui ait fait preuve de paresse intellectuelle en ne citant pas les bonnes feuilles d'origine.

En même temps, s'est défendu le romantique journaliste, la vie de sieur Ernest étant une et entière, on ne va pas inventer... "Banane, aurait-on envie de rétorquer à ce grand enfant pris les doigts dans le pot de confiture. Bien sûr, toutes les histoires sont - plus ou moins- les mêmes mais c'est le style qui compte. Et l'angle adopté".

Qu'à cela ne tienne, les -mauvaises- recettes pour s'expliquer se cachent derrière les mêmes vieilles armures usées. On parle d'emprunt, de pot-pourri, d'intertextualité (dans la récente et ridicule plaidoirie de Macé-Scaron) ou autres défausses à deux balles comme dire qu'on n'est pas le premier à user du procédé...

En musique, l'affaire me paraît un tantinet plus compliquée. L'emprunt a de belles années devant lui depuis que le sample est entré dans les moeurs. Utiliser quelques arpèges, picorer une ou deux lignes d'un morceau pour créer une nouvelle oeuvre, est-ce du vol ?

Non, ont répondu les avocats de Beyoncé, accusée d'avoir plagié une partie de la pièce de Anne Teresa de Keersmaeker, "Rosas danse Rosas" dans sa chanson "Countdown". (Pour comparer les deux, c'est ...Pour voir la magnifique oeuvre originale, ici).

La chanteuse rend hommage à la danseuse comme à d'autres artistes dans le clip, répond en substance l'avocat... Elle s'inspire. La suite se déroulera devant les tribunaux puisque la compagnie de danse belge a décidé d'attaquer.

Tout comme pourrait le faire une autre compagnie belge, Charleroi-Danse, à l'encontre de Chanel dont la dernière publicité "s'inspire" de son spectacle "Kiss & Cry". Le spot met en scène des doigts qui dansent... comme dans le spectacle mis en scène par Jaco Van Dormael ("Toto le héros", c'est lui) et Michèle Anne de Mey. Des "coïncidences troublantes", considère l'avocat de la troupe dont le but n'est pas de gagner de l'argent mais de "protéger le spectacle".

"Si, dans un an, nous arrivons au Japon et que la pub Chanel y a été diffusée avec la puissance de diffusion qu'on connaît, les gens vont penser que c'est nous qui la copions. Alors que notre création est bien antérieure à cette pub".

Dansez et circulez, il n'y a rien à voir, semblent dire les grosses productions. Mais dans ces dossiers, les plus modestes ne sont pas prêts à obéir le doigt sur la culture.


A demain et que la bière trappiste vous apporte force et sagesse.

5 commentaires:

  1. si tu savais comme ce billet me parle !

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  2. Raconte... Rapport à la danse ou au plagiat... (Ou à PPDA ??)

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  3. Ah oui là on sent que tu as changé de continent ! Bises

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  4. > Nath : rapport à quoi ? La culture ? Les doigts qui dansent ?

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  5. Alors mon cher yibus en musique...

    le sample pomme c pomme v > kid loco vs george benson me paraît plutôt pas mal...fait

    G. benson : http://www.youtube.com/watch?v=OIYep5GY36c

    Kid loco : http://www.youtube.com/watch?v=mJD6_HKiYNI&feature=related

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