vendredi 8 novembre 2013

Le patron flingueur

En France, il y a Arnaud Montebourg. En Belgique, on a Didier Bellens, le patron de Belgacom, le France Telecom local.

Certes, les deux hommes n'occupent pas le même poste mais la ressemblance frappe tant sur leur caractère que les circonstances.

D'un côté, le ministre du redressement productif a critiqué le Premier ministre français sur l'affaire Florange. Ne manquant jamais de faire connaître sa différence, il demeure toutefois au gouvernement, conforté par ses 17% aux primaires socialistes.

De l'autre, Didier Bellens, n'arrête pas de faire la Une des journaux belges depuis deux ans. Une affaire de secrétaire, une autre immobilière.

Sa dernière sortie, voici quelques jours, a eu lieu devant un parterre de patrons à Bruxelles. Il a dit que le Premier ministre, Elio Di Rupo, l'appelait seulement lorsque la fin d'année approchait pour connaître le dividende de Belgacom. "Un peu comme un petit enfant qui vient chercher sa Saint-Nicolas", a-t-il ajouté.

Société publique, l'entreprise de télécoms, est un bon fournisseur de dividendes pour l'Etat. Et son patron, considéré comme un excellent gestionnaire, semble se croire tout permis. Jusqu'à rabaisser son autorité de tutelle et en rajouter une couche sur l'Etat belge, "le pire partenaire" qu'il ait jamais eu.

Inconscience ? Suicide à moins de 17 mois de la fin de son mandat ? S'il est intouchable du fait de ses bons résultats et juridiquement parlant, Didier Bellens coince plutôt au niveau de l'éthique.

On peut avoir une position tranchée : soit on reste à son poste et on se la ferme, soit on l'ouvre et on sort. Bellens et Montebourg ont choisi de l'ouvrir et de rester. Soit.

Reste alors aux autorités à prendre leurs responsabilités. Car flinguer son patron rime tout de même avec faute grave, non ? Dans ce cas, le choix est simple : démission ou révocation.

Reçu ce vendredi matin par le ministre des Affaires publiques, Didier Bellens dit n'envisager aucunement la démission. Il pourrait être révoqué jeudi prochain par le Premier ministre. Dans ce cas, il toucherait une indemnité de 1,7 million d'euros.

Toujours légale comme démarche. J'y vois aussi le signe d'une éthique en toc.


Pour me remettre, je vais m'écouter "Get lucky", version police russe.

2 commentaires:

  1. Formidable, la chanson! On a eu quelques patrons pas gênés ici, notamment ce bon Sir Fred ( Goodwin de son patronyme, ça ne s'invente pas!), qui est parti de RBS après avoir mis la banque et par la même occasion l'économie du pays à genoux, avec des indemnités astronomiques.

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  2. @pomdepin : je l'adore aussi. On verra ce qu'il en sera du bon Bellens, si sa liberté de ton envers ses employeurs sera récompensée ou non...

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