mardi 29 novembre 2011

La semaine de la frite


Pour sa troisième édition, "La semaine de la frite" lance un concours. Il était hors de question que le récent expatrié n'y participe point.

Vous pouvez voter pour permettre à votre envoyé spécial permanent en Belgique de gagner un an de dégustation de ces succulentes friandises.

Et comme, malgré ma néo-passion, je demeure d'un professionnalisme intransigeant, je vous promets, dès demain, un reportage exclusif pour départager les deux meilleurs fritures de Bruxelles (battle royale entre la place Flagey et la place Jourdan).


En attendant, place à la poésie 100% graisse et que le fumet s'échappant des cornets vous agrée.


Yibusfrite
(sur l'air de Nougayork)

Dès l'aérogare,
J'ai humé ton fumet
C'est pas un hasard,
Tes patates, c'est du frais,
Non loin de la baraque,
Comme un Adirondack,
J'ai lancé l'attaque,
Vous être prêts ? A vos marques

Frite, frite, frite,
J'en pleure, c'est magique
C'est pas du Wall Street,
Plutôt de la Belgique,
J'reviens du MacDo,
J'ai chopé une gastro,
Après ce Waterloo,
J'veux mes batonnets tout chauds

Je regarde le cône
Mes frites sont bien jaunes
Vraiment croustillantes
Pour ne pas dire luisantes,
C'est pas du Magritte,
Non plus du Ensor,
Mais, pour sûr, ma frite,
Tu me files un sacré ressort

Ici Yibusfrite,
J'ai plongé la main,
Dans le cornet chaud,
Le sourire taquin
Pourvu qu'on me laisse
Les déguster sans fin
Et pour ma dernière messe,
Qu'on me sabre en huit,
Façon tendre frite.



Le labyrinthe linguistique belge


Elio di Rupo (EDR) sera donc le prochain premier ministre belge. Mais l'accord sur le budget est à peine sec que Bart de Wever, président du NVA (l'alliance néo-flamande, prônant l'autonomie de la Flandre), qui a refusé de participer aux négociations, lance de nouvelles banderilles.

Il moque la connaissance du flamand du socialiste wallon. Il est vrai que di Rupo ne maîtrise pas à merveille la langue de Vondel (ainsi désigne-t-on le néerlandais). Un problème important dans un pays qui fonctionne sur deux langues comme on dirait deux jambes (l'allemand étant la troisième langue officielle).

Mais, de là à dire qu'il a un néerlandais "légo" (il met les mots en vrac et il faut reconstruire la phrase) le disqualifiant pour représenter les Belges, il y a un pas que ne franchissent pas la majorité des Flamands.

A l'homme politique auxquels ils sont reconnaissants d'avoir sorti le pays de l'ornière, les journaux du nord du pays, offrent un mode d'emploi : Elio di Rupo devra aller voir les Flamands, sur le terrain, les convaincre par sa tenacité, son humilité ("non je ne peux pas mieux parler votre langue") et la chaleur humaine que lui reconnaissent tous les observateurs.

Si sa maîtrise du flamand ne sera jamais celle d'un polyglotte, il améliorera son vocabulaire et, en tout cas, sa popularité. Indispensable s'il désire que son gouvernement survive au-delà de quelques mois.


Lu dans "Le labyrinthe belge" de Geert Van Istendael que je viens de commander.

"La Belgique, c'est un modèle de l'Europe en miniature. La Belgique, c'est le terrain où le nord se heurte au sud, où l'élément latin rencontre l'élément germanique, où l'on se rend compte que ces rencontres ne sont pas du tout évidentes.

La Belgique parvient à organiser le rapport de forces qui est inévitable entre les langues et les cultures. La capitale de la Belgique est aussi une des dernières villes bilingues qui nous restent en Europe. Je suis très attaché à la Belgique, ce pays imprévisible, légèrement chaotique, maladroit, attendrissant, parfois moche, parfois sublime, ce pays toujours un peu fou.

Si la Belgique disparaît, un signal d'alerte clignotant perpétuellement disparaîtra. L'existence en soi de la Belgique est un avertissement. Voyez comme c'est difficile, la rencontre entre langues et cultures. Voyez aussi comme c'est passionnant. L'Europe sera belge ou ne sera pas."


Que la croustillance des frites comble vos papilles endormies.

lundi 28 novembre 2011

Canards brushés


C'était en septembre dernier
. Une promenade dans un parc. Un panneau à côté d'un étang.

A peine arrivé en Belgique, me voilà d'ores et déjà confronté à un manque flagrant de culture animalière. (mon maillon faible, je le concède).



Samedi après-midi, devant un coiffeur.


"We cut... You brush"... On se fait donc le brushing soi-même ? Mais où ? Dans le salon de coiffure ? Le "fix" qui suit tendrait à prouver que oui.


Sinon, après 531 jours sans gouvernement, le Royaume sera doté, la semaine prochaine, d'un gouvernement tout beau tout neuf (dirigé par un francophone, ce qui n'était pas arrivé depuis Paul Vanden Boeynants, en 1978).

Que les rayons d'ambre des soleils hivernaux vous incitent à ralentir le rythme.

jeudi 24 novembre 2011

A Maastricht


Voici deux semaines, nous sommes sortis pour la première fois de Bruxelles. A deux heures de là vit paisiblement Maastricht, cité des Pays-Bas forte de 120 000 habitants dont j'avais entendu parler à l'occasion d'un traité européen.

Madame m'appris que d'Artagnan y était mort (en 1673, lors de la bataille de Hollande, moi qui croyais qu'il s'agissait d'un personnage et non d'un véritable mousquetaire). J'ignorais qu'un musicien, vivant lui, en était originaire. Innocent que j'étais.


La grosse demi-journée que nous y passâmes fut en tous points délicieuse. De très nombreux touristes fêtaient la visite de Saint-Nicolas à l'hôtel de ville, qui avait laissé ses aides sur le perron, grimés de noir et rouge aux lèvres...



Un temps doux sur les remparts...


Une lumière hivernale à toute heure de la journée...







La Meuse en majesté...



Une église dont on n'hésite pas à repeindre le clocher (imitation grès rose)...


Un autre modèle, plus ventru...


Une autre encore, désanctuarisée et transformée (comme six cents autres églises et temples aux Pays-Bas, vendus à des particuliers ou transformés en appartements ou musées)...




... Et le silence. Malgré les milliers de touristes en ce dimanche, le calme était palpable. Quasiment pas de voiture.


Mais attention, les nombreux vélos vous obligent à être -quasiment-deux fois plus prudents.


Quant au génie musical issu de Maastricht, je vous le laisse découvrir (certaines images sont d'une violence inouie pour les mélomanes ; aucune plainte ne sera acceptée par la maison).


Que les bouclettes dorées de l'homme providentiel s'agitent autour de vos sens comme autant de promesses d'un monde meilleur.

mardi 22 novembre 2011

Di Rupo en rupture

Di Rupio (Elio de son petit nom) est le formateur chargé par le Roi de mener les négociations en Belgique pour établir un budget puis former un gouvernement.

Et c'est là que les choses coincent car ce sont 11 milliards d'euros qu'il faut économiser. Les six formations à table (trois partis wallons et trois partis flamands, un parti libéral, social-démocrate et socialiste de chaque côté) sont d'accord sur trop peu de lignes d'économies.

Résultat, le bon Elio di Rupo, socialiste wallon de son état, a décidé, hier soir, que ça suffisait. Il a remis sa démission au Roi qui ne l'a pas acceptée en demandant à chaque parti négociateur de penser au bien de la nation.

Dramatisation étudiée pour mieux précipiter un accord en plaçant chacun devant ses responsabilités ? Pourquoi pas ?

En attendant, le pays n'a plus de gouvernement depuis plus de 520 jours... Et la meute des agences de notation rode autour de l'écurie.


Sur ce, que les noeuds de papillon rouge embrasent votre esprit de flambloyances hivernales.

lundi 21 novembre 2011

Sang bleu


Pas plus tard qu'hier, anniversaire d'une copine de la puce dans un musée pour enfants du quartier. Jolie bâtisse et petit parc de jeux à côté.

En arrivant pour récupérer la tendre pousse, je remarque de grosses voitures et devant les cylindrées, plusieurs bonhommes de taille moyenne, lunettes noires, cravate et costume itou. Mains croisées devant la ceinture.

En nous approchant du parc, nous découvrons ni plus ni moins que le duc de Brabant et son épouse jouant avec leurs jeunes enfants. Oui, Philippe et Mathilde et leurs quatre bambins.

Parfaitement, le prince héritier du trône de Belgique est à quelques mètres de nous, tranquille. Je lève les yeux au ciel. Les nuages ne font pas pleuvoir sur notre tête des jares de pétales de roses, la terre se s'ouvre pas en deux pour nous engouffrer. Personne n'annonce la formation d'un gouvernement en Belgique (J+ 525).

La matinée demeure comme auparavant, douce, aimable, juste entrecoupée par les cris de la puce. Les dernières feuilles jaunes tombent des arbres pour craquer sous nos pas.

Et soudain, c'est le drame. La princesse Eléonor (cinquième dans l'ordre de l'héritage au trône) choit du pont en bois. Son visage se couvre d'un sang carmin alors qu'elle pleure dans les bras réconfortants de son père (grand cordon de l'ordre de Léopold, passionné d'aviation et d'astronomie) qui la caline sans un mot plus haut que l'autre.

Aucun garde du corps n'a bougé la moindre phalange, Mathilde (fille du comte Patrick d'Udekem d'Acoz et de la comtesse Anna Maria Komorowska, d'origine polonaise) s'est rapprochée et enquis de l'état physique et psychologique de sa fille.

Enfin, je crois car j'étais en train de pousser la puce, affalée comme une princesse sur un pneu-balançoire.

(J'ai également appris hier l'existence de nouveaux prénoms : Cybèle, Katell et Klervi).


Sur ce, que les particules voilant les horizons d'hiver soient propices aux rêves les plus surréalistes.

vendredi 18 novembre 2011

choc-eau à la bouche


Vu la semaine dernière dans la gare du Midi, à Bruxelles.


Hum hum (ou devrais-je dire, miam miam ? Ou encore slurp slurp ?), cela me rappelle bigrement ma série préférée du moment (avec le classissime Mad men).


Alors, plagiat... Ou inspiration ?

Sur ce, que les pépites de chococat de toutes formes et origines craquètent sous vos canines.

mercredi 16 novembre 2011

De rien


Ce week-end, léger silence à la table familiale, dans un restaurant de la très jolie ville de Maastricht.

La cause de cet instant en apesanteur ?

Nous étions en train de tester la prononciation du très élégant "merci" en néerlandais. Au lieu de "dankyou" (en bonne phonétique), le père, dont la compétence en langue n'est pas le moindre défaut, s'essaya à un "dancu" balancé de sa voix de baryton.

" On dirait que c'est un mot de fesses", rétorqua le petit garçon en me fixant de ses yeux interrogateurs.

Bien bien... Je décidais, in petto et sur le champ, d'avancer d'une semaine la désormais familiale séance de gros mots (pendant deux minutes, une fois par mois, les enfants lancent tous les gros mots qu'ils connaissent, ce qui nous permet de nous tenir au courant des dernières tendances).

Sinon, je ne sais toujours pas comment distinguer, phonétiquement le "danku" flamand de l'original "dank u" néerlandais.

(Ma vie est parsemée d'obstacles insurmontables).

Sur ce, que le premier givre bruxellois de cette nuit calme les esprits retors.

lundi 14 novembre 2011

Liège-baston-Liège


Bon, je sais, le jeu de mot vélocipédique du titre n'est pas des plus fameux. A vrai dire, il ne casse pas des briques, contrairement à ce que nous avons eu l'heur de voir, ce dimanche matin, en nous promenant à Liège.

Toute une rue jonchée de bris de verre, une dizaine de voitures sans vitres. Il y avait eu du grabuge pendant la nuit.

Etonnement -et fascination- des enfants. "Sans doute des jeunes éméchés qui ont déversé leur énergie sur ce qui leur passait à portée de main", répond le père qui leur avait montré, la veille, dans un souci pédagogique bien estimable le quartier de biture privilégié de la gente estudiantine ("le Carré").

Et voilà-t-y pas que je tombe nez à nez avec l'explication dans le Soir du jour. Ces déprédations ont été causées par près d'une centaine de jeunes qui ont manifesté leur colère après l'enterrement d'un garçon, qui avait été tué par le bijoutier qu'il braquait.

Nous disions donc... Légitime défense et justice au programme du repas de ce soir (potée lorraine).


Au fait, en Belgique, on ne dit pas "vacances de février" mais vacances de carnaval.

mardi 8 novembre 2011

Férié ? Connais pas


Tiens, une gaffe (gentille bévue) du Yibus. Pas plus tard qu'il y a un quart-d'heure.

Dans le cadre d'un article, j'appelle une personne à la Commission européenne. (charmante anglaise au français impeccable) que je souhaite interviewer sur la place des femmes dans les institutions européennes.

Intéressée par le thème, elle propose de me rencontrer dans les prochains jours. Pourquoi pas vendredi ? suggère-t-elle.

Mais... Je lui dis... Vendredi, ce ne serait pas le 11 novembre, un jour férié ?

Pas dans les instances européennes, répond-elle en souriant (ça s'entend, oui). Nous avons en notre sein un pays qui a gagné et aussi un autre qui a perdu, dit-elle en substance.

Pas de 11 novembre ni de 8 mai fériés, c'est bien noté.

Note pour moi-même ; nous ne sommes pas qu'à Bruxelles, Belgique mais aussi à Bruxelles, capitale de l'Europe.


A demain et que le Cercle de douze étoiles d'or à cinq branches sur champ d'azur sautille dans votre tête.