Depuis le début de la semaine, ma vie -hormis un épisode "frites" des plus salvateurs- n'a été vécue que pour une quête : la recherche de calendriers de l'avent.
Depuis que les enfants ont découvert cet emballage de carton contenant 24 petits chocolats à déguster et à suçoter lentement chaque jour que dieu fait au mois de décembre, la vie n'est qu'une attente perpétuelle du retour dans l'appartement.
Les notes chutent, leur comportement est déplorable, nous avons prévenu les professeurs : seul compte ce moment à nul autre pareil où ils peuvent ouvrir la fenêtre renfermant le précieux trésor, le montrer à la fratrie, l'exhiber devant les parents avant que de l'enfourner.
Bref, il n'est pas excessif de dire que l'année n'est que l'attente du 1er décembre et l'apparition du calendrier dans nos pénates.
Vous imaginez donc la pression s'abattant sur les épaules du père dont les ongles racourcissent au fur et à mesure des jours précédant le 1/12. Aux Etats-Unis, l'affaire était réglée en deux coups de cuiller à pot et les calendriers prestement offerts au trio impatient.
Cette année, comme nous débarquions en terre inconnue, je me décidai à anticiper le moment fatidique. Ces quatre jours, j'écumai les magasins, d'abord étonné puis perplexe et pour finir carrément angoissé, de ne pas découvrir les calendriers dans les rayons.
Je commençai par les supermarchés... Rien. J'interrogeai les caissières. Regard lourd d'incompréhension... Je me précipitai vers les hypermarchés. Pas plus d'avent qu'avant. Et les chocolateries, terre d'élection du cacao ? Nada. Dans les épiceries fines in fine ? Des prunes mais pas de calendrier.
Finalement, je me rendis, vaincu, hier soir, en gare du Midi (Bruxelles) pour rejoindre d'urgence Paris (gare du Nord). Le voyage en train ne fut qu'une longue toux angoissée. La nuit fut terrible, insaisissable, tourmentée, ponctuée de six whisky-Coca et du soutien d'un ami qui contracta une tendinite tant il me tendit de mouchoirs.
Face à mon chagrin, il me soulagea, me coucha, me reconforta du mieux qu'il put quand j'hurlais ma peine (quatre péridurales n'auraient pu être aussi douloureuses).
Au petit matin, blême, il me déposa devant un City Marché. A 9h, j'entrai, marchant à grand peine, tombai, me relevai et aperçus un bac rempli de calendriers. Je m'écroulai sous l'émotion, face à terre, bras en croix.
Sanglotant sans plus de larmes, suffoquant au milieu des mémés à chien-chien dont les talons plats écrasaient sans ménagement mes phalanges, je rampai. Je me rappelle avoir touché trois calendriers, différents. Noir. Je me réveillais, pateux, très faible, dans notre appartement, au milieu des enfants dépités qui ne pouvaient se décider à se répartir les calendriers.
Finalement, le hasard décida et chacun s'en alla ouvrir les deux premières fenêtres et goûter à ces morceaux de paradis.
Que le chocolat du jour fonde sous votre langue comme un délice des dieux.